La lutte contre les violences avec la littérature de jeunesse
- Anne Clerc
- 25 août
- 2 min de lecture
La littérature jeunesse, c’est ma formation initiale et mon premier terrain professionnel. Ce qui me fascine encore aujourd’hui, c’est à quel point ce champ éditorial est souvent à l’avant-garde sur des sujets de société sensibles.
En mars 2024, alors que j'étais déléguée générale de Face à l'Inceste, j'ai été interviewée pour le podcast Papatriarcat sur la lutte contre l'inceste et les violences sexuelles et je proposais en bonus une réflexion sur la littérature de jeunesse ! Vous pouvez écouter le podcast ici.

Deux ouvrages de littérature générale – La Familia grande de Camille Kouchner et Le Consentement de Vanessa Springora – qui ont bouleversé l’opinion publique et contribué à l’émergence du mouvement #MeTooInceste en France. Mais du côté de la jeunesse aussi, les auteurs et les éditeurs n’ont pas attendu pour ouvrir la parole.
Un album incontournable pour moi, c'est Le Loup de Maï Lan, accompagné d’un site Internet et d’un clip vidéo. L’autrice va jusqu’à intervenir dans les classes pour sensibiliser les enfants à la question de l’inceste. Elle dit souvent : « Moi, j’aimerais bien qu’il y ait un #MeToo des enfants », et toute sa démarche artistique est tournée vers cette sensibilisation. Elle a publié d'autres ouvrages aux éditions de La Martinière Jeunesse autour du consentement et du corps.
La littérature ado est elle aussi en première ligne. De nombreux éditeurs propose des romans qui abordent frontalement l’inceste ou les violences sexuelles faites aux mineurs, en intégrant même en fin d’ouvrage les numéros d’aide à contacter.
Aujourd’hui, je reçois de plus en plus d’albums jeunesse qui, soit en fiction, soit sous forme documentaire, expliquent aux enfants ce qu’ils peuvent faire s’ils sont confrontés à de telles situations, et surtout leur rappellent qu’ils ont le droit de demander de l’aide.
En revanche, il reste un angle mort : la formation de celles et ceux qui travaillent avec les enfants. Bibliothécaires, éditeurs, auteurs, illustrateurs, enseignants… tous ces professionnels devraient être outillés pour identifier une situation de danger, accueillir une parole et savoir comment agir.
Un outil précieux existe : le livret de formation de la CIIVISE (Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants). En une trentaine de pages, accompagné d’une vidéo, il détaille le parcours administratif et judiciaire à suivre pour sécuriser un signalement. Gratuit et accessible, il devrait être diffusé à toutes les personnes en contact avec des enfants.
Parce que si la littérature jeunesse sait ouvrir des brèches, encore faut-il que les adultes autour sachent les accompagner.
C’est aussi pour cela que, dans mes activités de formatrice et de médiatrice culturelle, je m’attache à sensibiliser les professionnels du livre et de l’enfance à ces enjeux.


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